Comme une fusée…
Avant de te raconter cet article de Patras à Pylos et avant d’arriver en Grèce dans le Péloponnèse, nous revenons sur la traversée éclair de l’Italie d’ouest en est avec TooT o Boo notre camping car. Toujours accompagnés de Romain le caméraman de France Télévision, nous arrivons à Venise pour embarquer sur le « Hellenic Spirit » en direction de Patras, la première destination de ce long circuit qui doit nous amener jusqu’en Asie du Sud-Est.
Intraitable
Après plusieurs heures d’attente sur les quais de Venise, Romain doit nous quitter. La route s’arrête là pour lui. Malgré les mails envoyés par sa prod aux autorités portuaires, il ne lui est pas possible de continuer le reportage : la sécurité au port de Venise est intraitable. Le caméraman avait prévu de nous filmer jusqu’à la montée sur le bateau, mais impossible d’accéder à l’embarcadère. Nous allons filmer pour lui, afin d’agrémenter son reportage. Même pour nous, il a été difficile de filmer l’embarquement, la police aux frontières et des militaires sont postés aux abords du bateau et nous demandent d’éteindre nos GoPro.
Les amarres sont larguées
Le navire lentement glisse sur la lagune de Venise et fait défiler devant nous la cité lacustre. Le bateau a largué les amarres, c’est un fait, mais pour nous aussi les amarres sont irrémédiablement décrochées et cela fait défiler dans nos pensées cette année de préparation. Un sentiment de liberté nous envahit et avons une pensée émue pour tout ceux qui sont resté sur le quai.
32 heures
Cela pourrait être le titre d’un film ou le héros aurait trente deux heures pour sauver le monde, mais non, c’est la durée de la traversée de la mer Adriatique pour faire Venise-Patras. Autant te dire que rien ne se passe à bord et trouver quelque chose à raconter est bien compliqué. Nous avons tourné en rond, à part une escale à Igouménista, rien de particulier. Quand tu regarderas la vidéo, tu t’apercevras que c’est chiant à regarder…. Alors imagine à vivre.
Touch Down
Enfin nous sommes arrivés à Patras au nord du Péloponnèse. A nous les sites archéologiques, les ballades natures et autres lieux typiques. Nous nous posons pour notre première nuit à Mprinia près du bord de mer. Lieu sans intérêt particulier, mais au moins nous sommes sur le sol hellénique.
Comme au bon vieux temps
Après ce trajet express de l’Italie et cette traversée de la mer Adriatique interminable, nous avions envie de détente et quoi de plus naturel que de se prélasser dans les thermes Romains de Loutra killinis. Le mot thermes vient du grec thermos qui veut dire chaud. Les grecs utilisent plutôt le mot « balneion » qui devient balnéa en Latin. Les bains romains de Loutra Killinis ont une particularité importante car l’eau chargée en souffre apporte des bienfaits reconnus par tous. Il est clair que le souffre donne à ce lieu enchanteur une couleur turquoise et bucolique, mais l’inconvénient est que ça pue l’œuf pourri. Les grecs viennent encore profiter de ces lieux multi séculaires.
Amaliada-Palouki
Nous continuons tranquillement notre route pour nous rendre non loin de là à Amaliada faire quelques emplettes. Nous pensons que l’on voyage un peu trop vite et faisons un stop à Palouki à cinq kilomètres. Un endroit de nature en bord de mer. Au programme BBQ, délire pour Tao et moi avec les appareils photos pour capter la saison des amours des grenouilles rieuses, pêche et ballade en vélo sont aussi au programme.
Dimitsana
On s’échappe du bord de mer et nous décidons de choisir un petit coin de montagne dans le village de Dimitsana où nous passons la nuit. Le lendemain tempête de ciel bleu et une visite d’un vieux moulin à aube est prévue. Un endroit emprunt de sérénité avec une petite chapelle orthodoxe, un arbre immense sur la petite place accompagnée du son enivrant du ruissèlement de l’eau. Tout se passait bien, cet endroit méritait que l’on sorte le drone pour qu’il puisse prendre l’air et nous apporter une hauteur de vue de cet endroit magique.
Les dieux grecs en ont décidés autrement
Le vol se passait à merveilles, quand tout à coup une perte de signal s’affiche sur la télécommande du drone. Sur le retour vidéo je vois que la caméra s’affole, le drone perd de l’altitude… pas de panique j’enclenche le RTH (Return To Home) pour les non initiés. Le drone s’affole encore et ne répond plus aux ordres transmis, c’est la galère. Il prend une vitesse folle pour aller s’écraser et se perdre dans le maquis. J’accours vers l’endroit où je pensais qu’il s’était lamentablement crashé. J’y passe aux moins deux heures à travers les ronces, les hautes herbes, les murets en pierres sèches de plus d’1 mètre de hauteur. Bref, je me suis arraché comme un damné au point d’y craquer mon pantalon dans toute sa longueur et de me tatouer des griffures et égratignures jusqu’au visage.
Réfléchissons un peu
Je rassemble mes esprits, enfin, mon esprit, car je sais que lui seul, peut m’aider à retrouver mon drone. Je sais que les dernières images que j’ai vues sur la radiocommande, l’engin a survolé une route, je quitte l’endroit où je cherchais comme un forcené. Je remonte encore la colline pour arriver à cette petite route et continue de grimper droit dans le maquis. Après une centaine de mètres de montée, je commence a comprendre la cause de la crise de délire du drone. Des poteaux électriques en bois supportant des fils fins comme du fil de pêche se postaient devant moi. Le drone n’a pu les détecter, les interférences ont fait le reste. L’engin n’a pu encaisser ces deux paramètres contraires au vol.
Une lueur d’espoir
Maintenant que je connais la cause, je sais que l’endroit est le bon. Oui, mais où ? Une vingtaine de poteaux en fil indienne espacés d’une centaine de mètres se dressent devant moi. Y a plus cas chercher sur toute la distance que le drone aurait pu parcourir. Je fais donc le parcours en dessous des fils électriques, je fais demi tour et retourne sur la droite des fils et bien évidement je fais le côté gauche. Rien, nothing, nada, que dalle. Ah !!! si, en guise de drone je trouve une énorme tortue grecque. Je ne m’attarde pas, je veux retrouver ce que je suis venu chercher avant la nuit.
Je n’y crois plus
Jo qui cherchait avec moi, me dit « je vais chercher le pendule dans le camping car ». Bon, il faut bien se raccrocher à quelque chose. Une fois sur le site, le pendule indique d’aller sur la gauche et encore sur la gauche et toujours sur la gauche. Sauf que sur la gauche il y a des hauteurs de ronces impénétrables hautes comme trois fois ma taille. Si je veux retrouver mon drone, pas d’autres solutions, il faut y aller. Je vais chercher une machette, des gants et change de pantalons dans le camping car et reviens affronter ces foutues épineux. Pendant que la végétation lacère mon visage et s’accroche insidieusement à travers mes habits pour mieux s’enfoncer dans la peau, je commence à perdre espoir.
Touché par la grâce
Joëlle, voyant que les chances de retrouver le drone s’amenuisaient propose d’aller faire une pause dans le camping car pour reprendre des forces. Je commençai à me faire une raison, le drone est perdu. J’imaginais toutes les images que l’on aurait pu faire. Tout à coup me vient une idée. La vidéo était en marche lors du crash… donc je peux visionner la trajectoire du drone sur ma télécommande.
Je reprends espoir
Je m’aperçois en visionnant à de multiples reprises la vidéo que l’on ne cherchait toujours pas au bon endroit. il fallait encore aller plus haut dans la colline. Après de multiples supputations, après avoir compter les poteaux électriques, analysé la trajectoire du drone par rapport à l’inclinaison de la caméra, l’ombre du drone sur le sol et la vitesse à laquelle il est parti, j’en ai déduis un périmètre de crash. Je sais que j’ai une chance de le retrouver.
Le graal
Après une bonne heure supplémentaire de recherche, je sais que je touche au but. Il est à quelques mètres, j’en suis sûr. Au détour d’un bosquet d’épines je lève la tête et je vois paisible le drone sur le dos emmêlé dans les branchages et soutenu par un matelas de feuillage. Putain le kif, tant d’efforts récompensés. Imagine ma joie, après tant d’heures de recherche. Je l’inspecte sous tous les angles, tout est en ordre pas de casse, même les hélices sont intactes. Un cri de joie fait trembler la colline. Je redescends abîmé, fourbu mais heureux d’avoir été au bout du bout. Pour cette fois la persévérance a payé.
Monastère de Prodromos
On quitte Dimitsana, pour se rendre au delà du réel et au delà des collines des gorges de Louzios. Trois heures de marche nous attendent pour arriver à l’impensable. Le monastère de Prodromos est un écrin de zénitude serti dans la montagne où quelques moines orthodoxes vivent encore leur foi loin de toutes les inconstances de notre monde actuel. L’effet « Wouah » est garantit. Nul doute que les dieux grecs ont marquer de leurs empreintes chaque pierre de ce lieu captivant. Si tu passes dans le coin… pas d’hésitation, c’est un endroit à voir absolument.
Néda Waterfalls
On se sent bien en Arcadie, cette région du Péloponnèse est décrite comme un chef d’œuvre de la nature. L’Arcadie est la terre de naissance du dieu Pan. Dieu de la vie pastorale et compagnon des nymphes. Il n’est donc pas difficile d’y trouver encore un joyau avec les chutes de Néda Waterfalls. Quand tu auras trouvé la première chute, continue encore un peu plus haut afin de ne pas louper la deuxième encore plus magique. Nul doute que ces chutes d’eau appellent à la baignade. Nous y sommes en Mars et peu importe la saison, l’eau reste très froide.
Ils sont fous
Avec une bonne dose de courage ou d’inconscience c’est selon, tu peux y faire trempette. A maintes reprises Jo et Tao on risqué l’hypothermie. Pour ma part, je devais filmer ces images de ces deux fous bravant le froid et n’ai donc pas pu y aller. Il en faut au moins un dans la famille qui garde sa lucidité. Ce jour là, une certaine conscience journalistique m’a envahie et devais rester imperturbable devant l’appel de la baignade. Où peut-être ai-je été envahi par un certain manque de courage et de volonté, mais cela nous ne le saurons jamais.
Elea
Après la montagne, un peu de bord de mer et de chaleur ne font pas de mal. Nous prenons la direction d’Elea, un endroit nature bien connu des campings caristes. Nous y resterons trois jours en bivouac avec tout de même quelques commodités bien appréciables comme la douche en plein air et de l’eau de source à volonté. Nous prenons nos marques et nous nous accoutumons tranquillement à notre nouveau mode de vie.
Pylos
Nous continuons notre « slow Travel » et faisons un stop à Pylos en Messénie, charmant petit port de pêche bordé par la mer Ionienne. Nous retrouvons l’âme de la Grèce. Pylos est une ancienne citée habitée dès le néolithique par le peuple des Balkans. Elle est aussi nommée le royaume de Nestor qui a été cité par Homère dans son Iliade et son Odyssée. Nous flânons et rêvons dans ces ruelles sans savoir où aller et sans se soucier du lendemain. Des lendemains qui nous réservent encore des surprises de taille. Mais tout cela sera dans la suite des articles dédiés au Péloponnèse.
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